La disparition de Jean-Claude Carrière, co-scénariste de Milou en Mai, nous offre l’heureuse surprise d’une programmation sur la 5 de ce film de Louis Malle sorti en 1990. Je me souviens de l’avoir vu au Cinéma dans une période plutôt sombre et d’en être ressortie réjouie.
MILOU EN MAI : Le Pitch
Mai 1968 : Une vieille dame, Madame Vieuzac, s’est éteinte. Son fils, Milou, vieil adolescent de 6o ans, convoque la famille pour les obsèques dans cette grande et belle demeure familiale. Sa fille Camille et sa nombreuse famille sont les premiers à rejoindre la propriété au volant de la superbe DS. Arrivent de Saint-Tropez son frère George et son épouse anglaise. Claire, la fille de sa sœur décédée, et sa compagne débarquent dans une 2cv, emblème de cette France à plusieurs vitesses. L’arrivée de ce petit monde est largement perturbée par “la révolution” en cours ; routes barrées, pénurie de carburant, usines occupées… Honorer la défunte https://www.youtube.com/watch?v=B5ioT_-gZpc (elle repose dans la bibliothèque… avec le poste radio !) devient accessoire pour tout ce petit monde, surtout préoccupé par l’héritage et le partage à venir.
Camille, la plus rapace, s’octroie la magnifique émeraude et ment effrontément sur un legs passé de la Grand Mère. Cela rappellera des souvenirs à certains !
Georges, correspondant du monde à Londres, est à l’écoute des informations sans s’embarrasser du calme que requiert la veillée funèbre.
Seul Milou, dilettante amoureux de la nature, ressent un véritable chagrin. Il n’envisage pas de quitter cette propriété, lieu de tant de souvenirs bucoliques : la pèche aux écrevisses, les abeilles, les vignes et le vin, les promenades à vélos…
Les évènements politiques seront le grain de sable dans le rouage de la succession : départ ou non du Général de Gaulle, intervention ou non de l’armée, chasse aux nantis dont ils font partie… L’arrivée des châtelains (apparition très remarquée de Valérie Le Mercier) fait basculer la communauté dans l’hystérie collective d’un remake de 1789. La petite famille prend le maquis pour échapper aux hordes révolutionnaires !
L’AVIS D’ANNIE : *****
Ce film chorale est réjouissant. C’est le dernier film de Louis Malle et sans doute l’un des plus réussi. Orchestrer le décès de Madame Vieuzac en parallèle de Mai 68 est une idée géniale des deux scénaristes. La famille est bloquée dans la propriété. Sauront ils saisir cette opportunité pour renouer les liens ? Entre fous rire et disputes, un chassé croisé se met en place : Camille et le notaire, la compagne de Claire et le fils de George, Claire et le chauffeur routier, venu déposer le fils de Georges et bloqué par les barrages. Rappelons nous, 68 c’est aussi la libération sexuelle !
Les acteurs sont excellents : Piccoli en gentleman campagnard, Miou-Miou en Bourgeoise coincée (on y croit totalement), Duchaussoy en journaliste “has been”, menant la danse autour de la défunte sur la chanson “La Fille du Bédouin” (absolument hilarant). Quant à Dominique Blanc, elle annonçait déjà son immense talent dans ce rôle de Lesbienne dominante. En Châtelaine, Valérie Lemercier nous régale dans sa psychose révolutionnaire. Bruno Carrette (souvenons nous des Nuls), en chauffeur routier fait une dernière apparition autant remarquée que nostalgique.
Vous l’avez compris, j’ai adoré ce film en 1990 et je l’ai autant aimé hier soir. Il n’a pas pris une ride en 30 ans. Au contraire, les dialogues pourraient être d’aujourd’hui et sont savoureux à l’aune des années. Mai 68 annonçait un nouveau monde comme le Covid aujourd’hui. Un espoir déçu, nous le savons. Qu’en sera t-il pour celui du Covid ? Rendez vous dans 30 ans.
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