Je passais très souvent devant un graff à Saint-Malo (il a disparu du mur ces derniers jours). Un visage sur fond bleu avec cette accroche ” Le bleu n’est pas la couleur de l’amour”. En une couleur et quelques mots il résumait le drame des féminicides. Il n’était pas agressif mais “frappait” juste ! Chaque fois, je ressentais un pincement au cœur en pensant aux éventuelles victimes et puis je poursuivais ma route…
Pourquoi m’y arrêter aujourd’hui ?
Il y a quelques jours, une histoire semblable à tant d’autres m’a été rapportée. Une jeune femme enceinte “bousculée” par son compagnon ivre et violent trouve refuge chez une amie avec l’aide de la maman de cette dernière. Il y a une pudeur à ne pas utiliser le terme battue, presque déjà une volonté de comprendre, d’excuser. Et pourtant, elle le fuit car elle en a peur.
S’agit il d’un petit voyou sans éducation ? Même pas. Elevé dans un milieu privilégié (profession libérale et haut fonctionnaire), il sait ce que violence veut dire.
Que décide t-elle ? Elle va lui donner une dernière chance. Cette expression renferme en soi l’histoire vécue. Si dernière, combien y en a t-il eu avant et combien en faudra t-il encore avant de s’en séparer définitivement ? Avec l’espoir, qu’il ne sera pas trop tard et que le dernier coup porté ne sera pas mortel. Gainsbourg l’a très bien écrit dans cette chanson : https://www.youtube.com/watch?v=fgG9yQ5aA_s
Que peut-on, que doit-on faire ?
Lorsqu’on est acteur périphérique dans un tel drame, sans bien connaître l’histoire, on accompagne en s’efforçant de ne pas juger, en apportant une aide immédiate. La victime retournera vers son bourreau, remplie d’espoirs jusqu’à la prochaine colère, la prochaine ivresse, les prochains coups…
Bien sûr, il y a des associations pour apporter leur aide, pour aider les victimes à se libérer, mais la difficulté est de convaincre la victime d’y avoir recours. Ne devrait-on pas dès l’adolescence aborder le sujet des féminicides dans les collèges et lycées ? Former ces jeunes esprits, leur faire comprendre que l’amour, le grand amour ne se conjugue pas avec les coups. Nous pourrions très tôt leur donner les clés pour résister si la situation se produit. A l’adolescence, on croit encore en un idéal, on n’accepte pas les compromissions. C’est à cet âge que nous pouvons poser des marqueurs forts qui plus tard contribueront à les protéger.
N° d’appel pour l’aide aux victimes
En France métropolitaine :
La Fédération nationale Solidarité Femmes regroupe 67 associations (toutes baptisées Solidarité Femmes). C’est elle qui gère le numéro d’écoute pour les victimes de violences, notamment conjugales, le 39 19, numéro démocratisé depuis le Grenelle des violences conjugales.
En Polynésie française :
En cas de violence intra-familiale, il est aussi possible de contacter l’association d’aide aux victimes APAJ au 87 76 52 50 ou 87 24 12 22 ou 87 79 21 12 ou 40 43 20 41
Crédit photos : JSL, Mairie de Massy